Après la faillite d’Angell, les initiatives s’organisent pour sauver les vélos électriques et pièces

Un projet pionnier vient de franchir un cap majeur : 200 vélos Angell de seconde génération, promis à la destruction, ont été revalorisés grâce à l’implication de l’entreprise troyenne Ellipse et de Cycles Services Loire. Une opération exemplaire qui amorce la construction d’une véritable filière française de reconditionnement des vélos électriques.

Un appel contre le gaspillage industriel entendu

En janvier dernier, alors que la société Angell était en difficulté, Ellipse a lancé un cri d’alarme pour éviter une catastrophe écologique et industrielle. Des milliers de vélos électriques de deuxième génération étaient menacés d’être mis au rebut, privés de service après-vente et de pièces détachées. Cet appel a trouvé écho auprès d’acteurs de la filière vélo.

Résultat : 200 vélos ont déjà été sauvés, démontés méthodiquement pour permettre la récupération et la réutilisation de leurs composants. Et ce n’est qu’un début. Plusieurs centaines d’autres vélos attendent déjà leur tour pour bénéficier du même traitement.

Un site pour orchestrer la revalorisation des pièces détachées

Très vite, les besoins ont afflué. Professionnels du cycle, particuliers propriétaires de vélos Angell, tous cherchaient des pièces détachées pour réparer ou entretenir leur matériel. Pour structurer cette demande croissante, un site internet a été mis en ligne : cycles-services-loire-recycle.fr.

Ce portail permet :

• de consulter les pièces disponibles issues des vélos reconditionnés,
• de remonter les besoins spécifiques en pièces, pour mieux orienter les prochaines phases de revalorisation,
• de faciliter les échanges entre réparateurs, gestionnaires de flottes et particuliers.

Ce site constitue une première pierre dans la structuration d’une économie circulaire du vélo électrique en France.

Les batteries, un enjeu technique et écologique

Les batteries figurent parmi les composants les plus sensibles et les plus sollicités. Au départ, seules les cellules devaient être récupérées. Mais face à l’ampleur des demandes, le projet a évolué. Désormais, les batteries sont entièrement prises en charge par Maneo, une entreprise lyonnaise spécialisée dans la réparation et le reconditionnement de batteries lithium-ion.

Chaque batterie est soumise à :

• un diagnostic technique complet,
• un test de sécurité approfondi,
• une remise en état industrielle, garantissant des performances comparables à celles d’origine.

Cette nouvelle approche permet de réduire considérablement l’empreinte carbone du cycle de vie des vélos et d’éviter le gaspillage de matériaux critiques.

Ellipse initie, Cycles Services Loire concrétise

À l’origine du projet, Ellipse a su réunir les premiers partenaires, poser les bases du modèle. Désormais, c’est Cycles Services Loire, ex-Cycles Mercier, qui assure le pilotage opérationnel de la filière. Cette entreprise ligérienne dispose d’un savoir-faire industriel éprouvé dans le domaine du cycle.

Elle prend en charge :

– la collecte des vélos et composants
– le tri et l’identification des pièces valorisables
– les tests fonctionnels sur les éléments électroniques et mécaniques
– le reconditionnement pour une nouvelle vie dans un autre cadre d’usage

Ce passage à l’échelle donne naissance à une filière circulaire concrète, locale et durable.

Changer la logique de consommation du vélo électrique

Un chiffre interpelle : en France, un particulier change de vélo à assistance électrique tous les 4 ans en moyenne, tandis qu’un vélo en libre-service a une durée de vie inférieure à 24 mois. Et pourtant, la majorité des composants sont loin d’être en fin de vie.

Le potentiel de réemploi est considérable. Cette opération autour des vélos Angell le prouve. Elle repose sur un principe simple : réparer, reconditionner, prolonger la durée de vie au lieu de jeter et remplacer systématiquement.

Chaque vélo revalorisé représente :

• une économie significative de matières premières,
• une réduction des déchets électroniques,
• un accès plus abordable au vélo électrique reconditionné pour les usagers.

Vers une filière circulaire nationale de la mobilité douce

Ce projet est pensé comme une première étape. Il est destiné à s’élargir à d’autres modèles, d’autres marques, d’autres territoires. Pour cela, la mobilisation est ouverte. Marques, collectivités, gestionnaires de flottes, réparateurs et logisticiens sont invités à rejoindre la dynamique.

L’ambition est claire : bâtir une filière circulaire française de reconditionnement vélo, capable de répondre à la montée en puissance des mobilités douces sans reproduire les dérives industrielles classiques.

Le mot d’ordre : mutualiser, réparer, revaloriser. C’est à cette condition que le vélo électrique pourra pleinement jouer son rôle dans la transition écologique sans générer une nouvelle forme de pollution cachée.

Une initiative qui pourrait bien changer la donne

En donnant une seconde vie à 200 vélos Angell, Ellipse et Cycles Services Loire ouvrent une brèche dans un modèle encore trop linéaire. Ce projet prouve que des solutions concrètes existent face au gaspillage industriel des nouvelles mobilités.

À mesure que les villes se transforment et que la demande de vélos électriques explose, la structuration de cette filière circulaire pourrait devenir un levier décisif pour une mobilité urbaine plus durable et plus résiliente.