
Fraude massive aux vélos électriques chinois à 250m€ : + de 2500 conteneurs saisis et des douaniers impliqués dans un vaste réseau
17 septembre 2025La plus grande fraude d’importation de vélos électriques chinois jamais révélée en Europe prend une ampleur inédite. L’enquête baptisée Calypso, dirigée par le Parquet européen, met au jour un réseau structuré mêlant douaniers corrompus, transitaires complices et organisations criminelles internationales. Ce sont près de 2 500 conteneurs et 250 millions d’euros de marchandises qui ont été saisis, redessinant le visage du trafic illégal entre la Chine et l’Union européenne.
Une enquête explosive menée par le Parquet européen
Initialement dévoilée en juin 2025, l’affaire Calypso semblait n’être qu’un énième dossier de fraude commerciale parmi d’autres. Les premiers chiffres faisaient état de quelques milliers de vélos saisis et de plusieurs millions d’euros d’amendes potentielles. Mais les récentes révélations de Bike EU, appuyées sur des documents confidentiels du Parquet européen (EPPO), donnent une tout autre dimension à cette affaire tentaculaire.

L’opération de grande envergure a permis la saisie exacte de 2 435 conteneurs contenant non seulement des vélos électriques, mais également des chaussures, textiles et autres marchandises importées illégalement depuis la Chine. La valeur de l’ensemble est estimée à 250 millions d’euros, ce qui en fait l’une des plus grosses affaires douanières de la décennie sur le territoire européen.
Six personnes ont été arrêtées, dont deux agents des douanes soupçonnés de complicité active. Ces derniers sont accusés de fausse certification répétée, obtention illégale de profits et fraude douanière. Le préjudice causé au budget de l’Union serait d’au moins 871 000 euros pour leur seule implication.
Un système rodé pour contourner les droits antidumping
Les enquêtes ont révélé une stratégie de fraude particulièrement bien huilée. Chaque mois, les transitaires impliqués déclaraient le même nombre de conteneurs afin de ne pas éveiller les soupçons. Une manœuvre utilisée pour dissimuler les flux réels de marchandises et contourner les droits antidumping mis en place par l’Union européenne pour limiter les importations à bas coût de pays tiers, notamment la Chine.
L’EPPO évoque un réseau criminel structuré, opéré majoritairement par des ressortissants chinois, capables d’écouler en masse leurs produits sur les marchés européens tout en échappant à la TVA et aux droits de douane.
- Les conteneurs étaient faussement déclarés ou partiellement remplis, avec seulement 10 à 15 % du contenu réellement indiqué.
- Les déclarations étaient volontairement sous-évaluées pour réduire les taxes à payer.
- Les gains étaient ensuite blanchis et rapatriés vers la Chine.
Parmi les conteneurs interceptés, 500 contenaient uniquement des vélos électriques, et au moins 360 n’avaient jamais été déclarés. Cette pratique illégale a entraîné une perte estimée à 25 millions d’euros en droits de douane et 12,5 millions d’euros de TVA.
Des ramifications sur toute l’Europe
Ce que révèle également cette affaire, c’est l’ampleur géographique du réseau. Si l’enquête a été centralisée depuis le port du Pirée en Grèce, les ramifications s’étendent sur l’ensemble du continent. Les produits étaient ensuite distribués dans plusieurs pays européens, souvent via des circuits secondaires complexes pour brouiller les pistes fiscales et logistiques.
La procureure européenne Laura Codruța Kövesi a elle-même déclaré que ces organisations opèrent depuis des années, causant des dégâts colossaux à l’économie européenne : « Les règles du jeu ont changé, il n’y a plus de sanctuaires pour vous ! »
Un préjudice cumulé estimé à plus de 800 millions d’euros
Selon les données consolidées par l’EPPO, les activités frauduleuses de ces réseaux remonteraient à près de dix ans. En cumulé, ils auraient causé un préjudice évalué à 350 millions d’euros en droits de douane et 450 millions d’euros en TVA. Une hémorragie fiscale d’une ampleur alarmante pour l’Union européenne, dont le marché des mobilités douces — notamment les vélos électriques — est en pleine explosion.
Le mot clé principal « fraude vélos électriques » s’inscrit ici dans un contexte stratégique. L’explosion de la demande de vélos à assistance électrique, combinée à une production asiatique massive, crée une fenêtre idéale pour les trafiquants.
D’autres affaires similaires émergent en Europe
L’affaire Calypso n’est que la partie visible d’un iceberg bien plus vaste. Ces derniers mois, d’autres opérations de ce type ont été menées, confirmant l’existence d’un véritable écosystème de fraude organisé autour des importations de vélos chinois.
- En mai 2025, 16 perquisitions ont été menées en Allemagne, Belgique, Pays-Bas et Portugal, dans une affaire similaire portant sur des vélos assemblés illégalement en Europe, pour un montant estimé à 2,25 millions d’euros.
- En juin, c’est en Irlande que les autorités ont saisi près de 4 000 vélos électriques dans une opération liée à des fausses déclarations douanières et à des transits frauduleux via des ports secondaires.
Les experts estiment que ces fraudes sont facilitées par des failles logistiques, un manque de contrôle numérique des documents de transport et une complaisance croissante chez certains acteurs du transit.
Un enjeu économique, environnemental et sécuritaire
Le développement du vélo électrique est un levier central de la transition écologique en Europe. Mais si son marché devient un terrain de jeu pour les fraudeurs, les conséquences dépassent la simple perte fiscale. C’est tout l’écosystème européen de la mobilité douce qui est fragilisé : producteurs honnêtes, distributeurs locaux et utilisateurs finaux.
L’absence de contrôle sur ces vélos bon marché introduits illégalement pose également un risque de sécurité, notamment en matière de conformité aux normes européennes de sécurité, de batteries et d’assistance électrique.
Les autorités doivent désormais renforcer les contrôles sur plusieurs points sensibles :
- Vérification renforcée des certificats de conformité (CE) à l’entrée du territoire
- Numérisation du suivi des conteneurs à haut risque
- Coordination accrue entre les autorités fiscales, douanières et judiciaires à l’échelle de l’Union
Vers une réponse plus ferme des institutions européennes
L’affaire Calypso agit comme un électrochoc. Elle révèle que des structures mafieuses sophistiquées sont à l’œuvre dans des domaines inattendus, comme les vélos électriques. Leur capacité à contourner les règles avec une telle efficacité montre l’urgence d’une réponse institutionnelle coordonnée.
Le Parquet européen entend poursuivre son action sur d’autres filières. D’autres enquêtes sont en cours et de nouvelles inculpations pourraient suivre dans les mois à venir, notamment en France, en Espagne et en Pologne.
Avec l’émergence de cette fraude d’ampleur industrielle, l’Union européenne ne peut plus ignorer l’impact de ces réseaux souterrains sur ses finances publiques et sa souveraineté commerciale.
Ce scandale massif de la fraude aux vélos électriques chinois révèle combien les circuits d’importation sont devenus perméables à la corruption et à la criminalité organisée, mettant à mal les fondements du commerce équitable au sein de l’Union.

Je suis le rédacteur en Chef de Volto Vélo. Fondateur du site, je suis un adepte du VTT électrique. Je me tiens également au courant de toute l’actualité du vélo électrique urbain.